Personne

Pierre Euvrard est le premier maître des enfants cité après la fondation de la maîtrise de la Sainte-Chapelle de Dijon par Philippe le Bon. Bien que la documentation conservée ne le mentionne explicitement comme tel qu’à quelques reprises dans la seconde moitié des années 1430 et en 1460 (AD 21, G 1513, f. 100 ; G 1520, f. 12^v ; G 222 ; Picard 1921, p. DLIX et Richard 1959-62, p. 279, n. 3, qui situent en 1435 la maison des enfants derrière l’hôtel de la basse-cour), il occupe sans doute cette fonction de façon relativement continue et, quoi qu’il en soit, joue un rôle important dans la mise en place, la pérennisation et la supervision des institutions musicales voulues par Philippe le Bon vers 1430. Dès 1436, il certifie en juin la copie de la musique du livre des messes quotidiennes de la Toison d’Or nouvellement instituées, puis est remboursé d’achats de vêtements en décembre pour des enfants de chœur. Qualifié de prêtre et simple chorial de l’église, il paie 3 fr. pour l’obtention d’une chapellenie le 25 janvier 1438. Dès lors, il fait à plusieurs reprises office de procureur à Dijon pour des chapelains de la chapelle de cour de Philippe le Bon et, en tant que « maistre des quatre enffans de ladite eglise de la chappelle », donne quittance du paiement de Jean de la Tour reçu comme chanoine musical le 9 janvier 1440 (AD 21, G 1520, f. 6, 12^v, 21 et 23 ; G 1513, f. 134^v, 144^v, 154 ; Marix 1939, p. 164, n. 2). Il avait lui-même obtenu l’une des quatre prébendes musicales de l’église entre janvier 1438 et mai 1439, première date à laquelle un acte le qualifie de chanoine (AD 21, E 2173 / cart. 56, f. 78). Il semble en outre avoir été chapelain de Notre-Dame en mars 1458, ou du moins avoir postulé à ce poste (AD 21, G 3377, cité par Tarbochez 2007, p. 239, n. 88). Le 7 mai 1460, il est de nouveau désigné comme maître des enfants (peut-être à titre intérimaire) alors qu’il fait partie du groupe de chanoines de la Sainte-Chapelle convoqués devant le conseil de Philippe le Bon pour négocier un protocole de bienséance réglant les processions menées conjointement avec les chanoines réguliers de l’abbaye Saint-Etienne (AD 21, G 222 charte du 7 mai 1460 également publiée dans Fyot de La Marche 1696, p. 311-312). En octobre 1460, il échange sa maison avec le sous-chantre Jean Tonnelier ; le 5 décembre 1461, il prend en location deux maisons vacantes par la mort du chanoine Evrart Potier ; le 5 octobre 1465, il hérite de la dignité de chantre du chapitre vacante par la mort de Jean de La Tour ; Philibert Lexartey lui succède à cette dignité suite à sa mort peu avant mars 1472 (AD 21, G 1513, f. 134^v, 132^v, 144^v, 154). Il est peut probable que le dénommé Erard, sommelier de la chapelle ducale en 1440 alors que Binchois y est chapelain, puisse être la même personne (Marix 1939, p. 244). Pierre Euvrard est enterré dans la nef de l’église où son service anniversaire est célébré le 25 février, ce qui laisse entendre qu’il est décédé autour du 25 février 1472. Ce service est complété par l’antienne de saint Jean l’Évangéliste Valde honorandus est qui doit être chantée « à haute voix chaque fois qu’il y a une procession dans la nef » (AD 21, G 1167, f. 29 : « Qui una cum dicto anniversario fundavit antiphonam Valde honorandus est, que debet alta voce cantari quotiescumque fit processio in navi ipsius ecclesie. Jacet in dicta navi. »). La Sainte-Chapelle étant dédicacée à ce saint, le choix de Pierre Euvrard semble assez explicite.